Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/98

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ordre. Il y a la salle d’attente pour les dames où les hommes n’entrent pas ; puis celle des hommes où l’on fume ; puis le buffet avec ses comptoirs sales garnis de gâteaux plus sales encore. Puis, il y a la chaussée sur laquelle on se promène en long et en large jusqu’à ce que l’on soit éreinté. Vous allez cinq ou six fois au petit guichet grillé pour prendre votre billet, — les affiches de la compagnie ayant annoncé que les voyageurs doivent être prêts au moins dix minutes avant l’heure où le train peut arriver — mais le monsieur qui est derrière le guichet sait mieux que vous à quoi s’en tenir, et il a bien soin de n’ouvrir son petit trou, vers lequel il faudra que vous vous baissiez, que tout juste deux minutes avant le départ. Alors, vous trouvez devant l’étroite ouverture cinq gros fermiers, trois vieilles femmes et un boucher. Comme vous ne vous sentez pas la force de vous faire place parmi eux à coups de coudes, vous vous résignez à manquer le train. Cependant, tout juste au moment où le train arrive, vous parvenez enfin à obtenir un billet, et, au milieu du tapage et de la confusion, vous fourrez nerveusement dans votre poche, et sans la compter, la monnaie qu’on vous a rendue — pour arriver ensuite à la ferme conviction, une fois assis dans le wagon, que vous avez perdu un schelling à l’affaire.

C’est à peu près ainsi que se passèrent les quarante minutes d’attente pour Wilkinson et Adela. Ils ne se dirent rien d’important jusqu’au moment où Arthur prit la main d’Adela pour la dernière fois ; alors il lui dit à voix basse : — Adela, je songerai à tout ce que