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LE CONTEUR BRETON

dit-il, qu’il me faudra perdre ma fille cette fois-ci. Pourtant on verra encore, et si c’est au roi de Bretagne qu’elle doit appartenir, il la gagnera. Jean regardait d’un rire moqueur le roi Fortunatus ; mais celui-ci riait jaune et était inquiet, et ce n’était pas sans motif, car Jean savait qu’il viendrait à bout de sa tâche, quelle qu’elle fût.

Notre jeune homme mangea, but et dormit comme les jours précédents. Le lendemain matin, le roi le conduisit dans une vaste forêt, et là on lui donna des instruments des meilleurs : une pelle, une tranche et une hache en bois pour abattre la forêt, la mettre en fagots, la fendre et la corder avant la nuit ; cette forêt couvrait cent journaux de terrain. — Ce roi est un imbécile, dit Jean ; croit-il que je vais m’échiner à lui faire ce travail ? — Et le jeune homme de frapper sa pelle, sa tranche et sa hache contre l’arbre voisin qui se trouva là, et de les mettre en pièces, tant ils étaient fragiles. — Va ton train, vieux roi, tu auras beau faire pour m’empêcher d’emmener ta fille, elle viendra, je le jure, quand bien même tu en serais colère. En attendant, je vais faire un somme — Et Jean de se coucher aussitôt. Après avoir mangé son dîner, il se coucha encore jusqu’au soir, et quand il vit que le soleil était bas, il chercha le crin du roi des bêtes et il l’appela. — Celui-ci arriva à toute vitesse : — Qu’y a-t-il, Jean, demanda-t-il ? — Cette forêt à abattre, à mettre en fagots, à fendre et à mettre en tas. —