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LE CONTEUR BRETON


Jean et sa princesse partirent alors de là pour la Bretagne, où ils arrivèrent de bonne heure. Ils y furent bien accueillis, car dans ce pays on a été de tout temps galant pour les femmes. Cependant la princesse regrettait du fond du cœur d’avoir quitté son pays et son père. En chemin, les larmes jaillissaient abondamment de ses yeux et elle disait : Adieu, mon père, adieu gens de mon pays, adieu mon beau château, toi qui es supporté par quatre chaînes d’or et par quatre lions les plus forts de la contrée ! j’ai été si heureuse quand je t’habitais ! Et tes clefs d’or, à quoi me serviront elles désormais, si ce n’est à augmenter mon affliction et ma peine ? — À ces mots, elle les jeta loin d’elle dans la mer.

Le roi de Bretagne, en voyant cette belle princesse, était joyeux au fond du cœur et lui dit qu’il voudrait être aimé d’elle. — J’ai espoir, dit-il, que nous serons mariés bientôt, puisque vous êtes venue dans mon palais. — Sauf votre respect, dit la princesse, je ne le serai pas encore (de sitôt), car avant de m’avoir (pour épouse) vous trouverez le temps long. Avant de me marier, je veux avoir ici mon beau château qui est porté par quatre chaînes d’or et par quatre lions. — Comment dites-vous princesse, dit le roi de Bretagne ? Qui pourrait jamais vous apporter ici votre château ? — On l’apportera, sire, dit-elle, ou vous ne m’épouserez jamais. Celui qui est venu me chercher pour venir ici est bien capable d’apporter aussi