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LE CONTEUR BRETON

Qu’est-ce que cela que tu as trouvé, dit le roi ? — Je n’en sais rien, dit le mineur ; voyez vous-même. — Quand le roi eut regardé, il vit que c’étaient les clefs que cherchait Jean. — Vois, dit à Jean le roi des poissons ; voici, je pense, les clefs que tu demandes ; prends-les, puisque tu en as besoin. Mais il ne faut plus désormais nous faire de la peine, car nous ne faisons tort à personne ; nous laissons les hommes sur la terre, et ne leur demandons qu’une chose, c’est de nous laisser aussi dans la mer, pour y vivre et y mourir. — En vérité si je le puis, dit Jean, vous n’aurez plus de mal à endurer de ma part, et si j’ai fait chez vous un peu de tapage, il le fallait pour trouver ces clefs. Je vous remercie donc, roi des poissons, adieu ! — Et Jean de retourner en Bretagne avec ses clefs et son cheval.

Quand il arriva, il avait hâte d’aller trouver le roi qui était tout fier en voyant arriver Jean sitôt. — Quoi, dit-il, tu es de retour, Jean ? — Oui, sire, et ce qu’il y a de mieux, j’apporte les clefs d’or que vous avez demandées. — Tu es un homme, dit le roi, et je ne sais que te donner pour tant de peine que tu as eue pour moi. — Ce que je trouverais de mieux, dit le petit Jean, c’est que vous ayez la bonté de me laisser me reposer désormais ; j’ai le corps rompu par suite des travaux que j’exécute depuis longtemps. Je crois qu’il ne serait pas mauvais de rester au logis, sans aller battre les routes de tous les pays. — Désormais, dit le roi, tu n’auras plus de voyage à faire, et quand je serai marié avec la fille du roi Fortuna-