Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
LE CONTEUR BRETON

moulin du Grand-Etang, il aperçut là un jeune garçon jouant à la galoche avec une barrique et deux meules de moulin. Jean s’approcha de lui aussitôt et tira son chapeau : — Bonjour, mon maître, dit-il. — Et à vous aussi, mon brave homme, dit l’autre. Vous dites mon maître ; je crois que vous êtes aussi un solide gaillard. — Jusqu’à présent, dit Jean, je n’avais pas trouvé mon pareil, mais vous, vous me dépassez encore. — Passez-moi votre bâton, dit l’autre, et prenez ces palets, pour voir si vous pourrez vous en servir. — Prenez garde, dit Jean, que mon bâton ne vous tombe sur les pieds, car il est plus lourd qu’une baguette de coudrier. — Il m’est avis que c’est un fer de moulin que vous avez pour canne. — Vous ne vous trompez pas, dit Jean, en saisissant les deux meules de moulin et en lançant son premier palet loin au-delà de la barrique, parmi les herbes du pré ; il faillit même le jeter dans le canal qui était bien au-delà. — C’est assez, dit le garçon aux meules de moulin, qui craignait de perdre ses palets. Sans être trop curieux, ajouta-t-il, vous demanderai-je où vous allez ? — Je vais courir le pays, dit Jean ; venez-vous aussi ! — Bien volontiers, dit l’autre, qui mit un palet dans chacune de ses poches et emporta la barrique pour jouer en chemin.

Les histoires roulèrent entre nos deux garçons qui se racontaient leurs exploits. Ils ne se doutaient de rien, lorsqu’ils aperçurent un homme