Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
LE CONTEUR BRETON

de la lune, le sixième jour ; elle rendra de bons services. Tu n’auras qu’à lui dire : Petite herbe, faites votre devoir. — Bonne chance, mon enfant… Et elle de disparaître dans le cresson d’eau, sans que d’autres que Jean eussent pu l’entendre ou la voir. Celui-ci réfléchit longtemps aux paroles de la vieille femme.

— Je sens des gens qui se promènent dans le bois, dit le vieil ogre. Vite en route, mes garçons ! Je sens l’odeur de chrétien, dit-il aussitôt que Jean eut mis le pied dans le bois. Vite et courage ! Je gage que vous ferez une bonne journée aujourd’hui. — Et les trois grands géants de mettre leurs souliers de neuf brasses par pas. Ils ne tardèrent pas à atteindre le garçon aux meules de moulin et le garçon au tonneau. — Vous êtes bien hardis, dit l’un d’eux, de venir dans ce bois sans permission. Il ne vous reste qu’à attendre la mort maintenant. — Nous verrons tout-à-l’heure si vous êtes des lurons comme vous le dites, répondit le garçon aux meules de moulin. Tuer ou être tué, ne vaut mieux être le boucher que le veau. Attrape ! Une pierre de moulin atteint à la tête plus grand des géants, et l’étend sur le tertre. — Et d’un, dit le garçon aux meules de moulin. Attrape ! Une autre meule atteint à la tête le second géant, et l’étend aussi sur le sol. — Et de deux dit-il.

Le troisième géant n’attrape qu’un coup de barrique, et ne s’en émut pas beaucoup. Il saute comme un chien enragé pour saisir au cou les deux garçons, les charge sur son dos et les em-