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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/179

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LE CONTEUR BRETON

Je n’en aurais nul regret, dit le géant, car je suis exténué du métier que je fais ici, surtout mainte­nant que mes frères sont morts. — Si tu veux, je vais lui allonger un coup de barre de fer, pour voir s’il est vivant ou mort. — Patience, dit le géant, qui tremblait comme une branche cou­verte de feuilles. Il faut d’abord tuer les trois chiens de garde, car ils nous mettraient en piè­ces, dès que serait mort le vieil ogre. — Soit, dit Jean ; voici un autre morceau de l’herbe, mets le dans la pitance des gros chiens, et peut-être dormiront-ils comme le vieil ogre. — Il disait vrai, car à peine ces trois chiens enragés, qui ne cessaient d’aboyer nuit et jour, eurent-ils mangé leur pitance, qu’ils furent pris d’un profond sommeil. Jean alors s’approcha et détacha à chacun d’eux, sur les tempes, un petit coup de barre qui les étendit raides, les pattes allongées auprès de leur niche. — Ouf ! dit Jean, au comble de la joie.

Le vieil ogre ronflait toujours et plus que ja­mais. — Hâtons-nous, dit Jean, puisque nous avons la chance pour nous. — Et eux d’aller trou­ver le vieil ogre, et Jean de lui frapper sur la tête un coup de barre de fer qui le tua, sans qu’il profé­rât même un… cri ou une plainte. — Ouf ! dit Jean, dont la fièvre était passée maintenant, car jusques alors il était très-pâle et tremblait comme une branche garnie de feuilles, tant il avait de peine à se tenir sur ses jambes. — Allons, dit-il, voir maintenant comment se porte la princesse. — Un instant dit le géant, celle-là m’appartient, car c’est moi qui ai empêché qu’elle ne fût dévorée. —