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LE CONTEUR BRETON

l’avoir mise sur son dos, il l’a conduite à son manoir, c’est très-différent.

Et Jean de retourner à la fontaine : — Vieille petite mère, dit-il, me voilà plus embarrassé que jamais, car j’ai eu beau marcher, je n’ai vu ni trouvé trace ni du géant, ni de la princesse. Je crains que le géant n’ait amené la princesse au château, car il avait envie de la retenir là, après la mort du vieil ogre et des gros chiens. Au nom de Dieu, conseillez-moi une fois encore !

— Il n’est rien arrivé de fâcheux, mon enfant ; le géant te craint à la mort, sans cela il aurait amené la princesse à son château, ou t’aurait assailli dans le bois, si tu étais allé quelques pas en avant. Ce qu’il y avait de mieux à faire, pensait-il, c’était de mettre la princesse sur son dos et de la conduire chez son père, afin de l’obtenir pour épouse, avant ton arrivée ; il l’aurait ensuite ramenée immédiatement à son château. Laisse-le faire ; il n’arrivera aucun mal à la fille du roi avant son arrivée au palais de son père ; tu y seras à peu près en même temps qu’eux, et en suite ton affaire marchera bien. Mets-toi donc vite en route et bonne santé ! — Que Dieu vous bénisse mille fois, vieille petite mère !

Quand Jean arriva au palais du roi d’Hybernie, il se faisait, tout à l’entour, un tel bruit, il y avait une telle agitation, que notre jeune homme fut très-inquiet ; il craignait que ce ne fût la cérémonie du mariage. Il alla trouver le portier et lui demanda ce qu’il y avait de nouveau dans le pays, et pourquoi tout le monde était dans la joie.

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