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LE CONTEUR BRETON

dette. Celle-ci ne fit que répéter ce qu’avait dit sa sœur ; et quand son père lui dit de demander aussi ce qu’elle désirait avoir, pour donner son agrément à son mariage, Anna lui demanda une poule d’argent qui chantât et pondit comme les autres poules.

Le père lui répond qu’elle aura aussi sa poule, si on la trouve pour de l’argent. Maintenant il va trouver sa fille bien-aimée, Marie, la plus jeune. — C’est avec celle-ci, dit-il, qu’il sera le plus difficile de me tirer d’affaire. Il va pourtant la trouver et lui dit l’objet de sa venue. — Mon père, dit Marie, je ne puis vous empêcher de vous remarier, si vous en avez envie ; mais pour vous donner mon agrément à ce sujet, je ne le ferai jamais, car je ne serai, ni ne pourrai être plus heureuse, ni même aussi heureuse que je le suis maintenant. — Demande-moi, dit le père, ce que tu voudras, comme ont fait tes sœurs, et je te le donnerai. Voilà ta sœur aînée qui a demandé un coq d’or, et ta seconde sœur une poule d’argent qui aient vie pour chanter et pondre comme les autres ; et elles les auront, quand bien même il serait très-difficile de se procurer ces objets. — Pour ce qui est de moi, mon père, si je vous demande quelque chose, puisque vous voulez que je vous fasse une demande, cela ne vous coûtera pour l’avoir que la peine de chercher : je voudrais avoir une feuille du laurier qui chante. — Tu l’auras, s’il s’en trouve sur la terre, dit le père. — Oui, certes, dit la fille, il y en a sur la terre, mais j’ai entendu dire que ce n’est pas dans ce pays. Vous aurez,