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LE CONTEUR BRETON

si vous êtes à la portée de ses coups. C’est une bête si horrible à voir qu’il n’y a jamais eu sa pareille ; semblable à on diable, elle jette du feu par la bouche et par les naseaux. Dans la chambre où vous entrerez vous verrez le laurier que vous cherchez, et quand vous en aurez pris une feuille, les autres (feuilles) chanteront en semble, et si agréablement que Tous ne pourrez vous éloigner de là, si vous ne bouchez vos oreilles. Prenez donc bien garde, si vous voulez, ou sinon vous n’en reviendrez plus.

— Je prendrai garde, dit le gentilhomme. — Vous dites oui, dit le vieillard ; vous ne valez pas mieux que ceux qui sont venus ici.

Bien renseigné pour prendre une feuille, et prévenu de revenir sur ses pas, dès qu’il l’aura cueillie, celui-ci s’en alla, et quand il arriva, il n’eut rien de plus pressé que de saisir la feuille la plus proche qu’il pût atteindre. Les autres (feuilles) alors se mirent à chanter si bien et si agréablement, qu’il resta les écouter jusqu’au moment où se réveilla l’horrible bête. — Eh bien, dit celle-ci, je crois que tu es venu me voler pendant que je dormais ; tu mérites la mort, quoique je sache fort bien que tu es venu pour chercher cette feuille de laurier que tu as cueillie pour la plus jeune et la plus sage de tes filles, bien qu’elles soient sages toutes les trois.

C’est bien ! Ecoute-moi ; considère ces autres qui sont morts, et prête attention à ce que je