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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/209

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LE CONTEUR BRETON

vais te dire. Il t’arrivera à toi-même comme il est arrivé à ceux-là, si tu ne fais ce que je vais t’ordonner. Puisque tu as cueilli cette feuille de laurier, garde-la et retourne chez toi, et au bout d’un an et un jour tu devras être de retour ici avec une de tes filles, ou je serai sans pitié pour toi ; car si tu ne reviens au moment dit, je saurai que faire à ton endroit, à l’endroit de tes enfants et de tes petits-enfants. Pars maintenant, et n’oublie pas mes paroles, car comme tu feras, tu trouveras.

Retournons actuellement au logis pour voir ce que se disent les demoiselles. Les deux aînées étaient bien aises d’avoir eu l’objet de leurs désirs ; toutefois elles étaient quelque peu attristées en voyant que leur père avait dépensé la plus grande partie de ses biens pour les satisfaire. Chaque jour les fonds baissaient, et en voyant que ses sœurs étaient en peine à ce sujet, la plus jeune leur dit qu’elles n’avaient pas eu le sens commun : — Si, comme je l’ai fait, dit-elle, vous n’eussiez demandé qu’une chose qui n’eût rien coûté à mon père, si ce n’est la peine de la trouver, votre lot ne serait pas maintenant aussi petit qu’il le sera un jour. Il y a plus, dit-elle, ce que j’ai demandé ôtera à mon père l’envie de se marier, et quand il sera de retour à la maison, vous verrez si ce que je vous dis est vrai ou faux.

Elle ne dit rien qui ne fût vrai, car lorsque son père revint de la maison de l’horrible bête,