Le monstre voyait cela et devenait de jour en jour plus familier, de plus en plus heureux chaque jour, car il avait espoir que la jeune fille en viendrait à l’aimer. Cela vint, en effet, peu à peu.
Un jour, pendant qu’ils conversaient tous deux, je ne sais sur quel sujet, la bête, avant de partir, dit à la jeune fille qu’il avait une nouvelle à lui apprendre. — Qu’est-ce, dit la jeune fille ; serait-ce de la maison ? — Oui, dit la bête, ta sœur aînée va se marier : peut-être aussi désirerais-tu savoir avec qui ? — Oui, certes ; il est possible que je le connaisse. — Bien, dit la bête ; tu n’as qu’à prendre le miroir qui est là, et tu y verras qui il est. — Celle-ci sans plus tarder (et pourquoi donc pas ?) prend le miroir et voit celui qui devait se marier avec sa sœur. — Je le connais fort bien, dit-elle. — Oui, dit la bête, tu le connais peut-être pour l’avoir vu, mais tu ne sais pas quel homme il est. L’extérieur des personnes ne ressemble pas à l’intérieur, et le futur époux de ta sœur, quoiqu’il ait de bonnes manières, a un cœur tout différent. Fais attention à ce que je vais te dire : Ta sœur sera si heureuse qu’elle n’aura que deux choses à faire : ramasser sa coiffe, toutes les fois qu’elle tombera de dessus sa tête, et essuyer ses larmes, toutes les fois qu’elles couleront[1].
Demain, dit la bête, se fera la noce, et si tu
- ↑ Charmante figure, pour dire qu’elle sera battue et malheureuse en ménage.