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LE CONTEUR BRETON

combien était grande sa tendresse à son endroit, lui fit cette demande : — M’aimes-tu comme je t’aime ? — Et pourquoi non, dit-elle. Depuis que je suis ici vous ne cherchez qu’à me faire plaisir, et pour vous montrer que je n’use pas de mensonge, je voudrais pouvoir me marier avec vous. Mais il ne sert pas que je dise cela, car dans ce pays on ne trouverait pas de prêtre. — Si l’on n’en trouve pas ici, on en trouvera ailleurs, et je crois qu’on ne pourrait pas nous empêcher de nous marier, puisque je suis capable de dire ce que je veux.

Les voilà donc tous les deux qui retournent à la demeure du père pour lui demander son consentement à leur mariage. Celui-ci ne s’y opposa pas, parce qu’il savait qu’il lui fallait y consentir. Il pensait de plus, que, une fois mariée avec la bête, sa fille resterait dans la contrée ou au moins que lui, son père, pourrait aller demeurer avec elle dans sa demeure. Cela lui donnait beaucoup d’espoir ; aussi alla-t-il, avec sa fille et la bête, trouver M. le curé pour savoir de lui s’il les marierait.

Quand il apprit de quoi il s’agissait, M. le curé dit qu’il ne pouvait prendre, sous sa calotte, la responsabilité d’un tel acte, et qu’il fallait aller plus haut. Ceux-ci alors allèrent trouver Mgr l’évêque qui dit aussi qu’il n’avait pas mandat pour faire de ces sortes de choses. L’archevêque ensuite tint le même langage ; il manquait de pouvoirs pour marier une chrétienne avec une bête hideuse.

— C’est bien, c’est bien, dit alors la bête ; ce que nous avons de mieux et de plus court aussi à