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LE CONTEUR BRETON

ne remue ; elle regarde toujours du coin de l’œil, et aperçoit une tête d’homme sortant de dessous la peau. Cette tête était si belle qu’elle n’en avait pas vu de plus belle. La jeune femme le regarde toujours du coin de l’œil, tant elle est troublée de tout cela. Le monstre se tourne et se retourne sans décesser, si bien que de la peau il sortit le plus beau jeune homme que l’on pût voir.

Ce jeune homme alors prend la peau, la plie en quatre, et après l’avoir mise sur le pli de son bras, il s’approche du lit. La nouvelle mariée alors, bien qu’elle sût qui il était, fait semblant d’être épouvantée ; d’un bond elle se met sur son séant, en criant de toute sa force : — Qui êtes-vous ? Sortez d’ici, ce n’est pas vous qui êtes mon époux. Mon époux est sous la table, mon époux est une petite bête ; partez, puisque je vous le dis.

— Ne craignez rien, dit la bête, je suis votre époux, et vous m’avez tiré de peine. Depuis neuf cents ans je suis sous la peau d’une vilaine bête, et j’y serais resté si je n’avais pu trouver une fille, comme vous, qui m’aimât et consentît à m’épouser. Une vieille sorcière me métamorphosa sous la forme où vous m’avez vu. Voilà ma peau, et maintenant prêtez attention à ce que je vais vous dire à son sujet. Désormais nous serons heureux tous deux, si heureux que personne ne l’aura été davantage jusqu’à présent ; et, si vous voulez, nous resterons toujours comme nous sommes maintenant, mais à la condition de faire ce que je vous