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LE CONTEUR BRETON

laisse sa femme avec ses sœurs. Celles-ci alors allèrent trouver leur jeune sœur et lui dirent Ecoute-donc, Marie ; avant notre départ, tu devrais nous montrer quelque chose. — Qu’est-ce, dit Marie ? — Tu sais bien que quand tu t’es mariée, ton époux n’était pas tel qu’il est aujourd’hui ; il était alors sous la peau d’un vilain animal. Qu’est devenue cette peau ? Elle n’est pas perdue, n’est-il pas vrai, et tu sais où elle est ? Montre-la, car ce doit être une chose curieuse à voir. Jamais, ni nulle part il n’est arrivé à personne rien de semblable. Cela vaut donc la peine d’être,vu, pour savoir si c’est la peau d’une bête ou peut-être la peau du diable. Viens donc, dirent-elles, nous la montrer pendant que (ton mari) est allé à la chasse.

La jeune femme, croyant qu’il n’arriverait rien de fâcheux, puisqu’on ne lui avait pas défendu de montrer la peau, et de plus, persuadée que ses sœurs ne savaient rien de ce que lui avait dit son mari au sujet de cette peau, la jeune femme alla avec ces deux mauvaises pièces, et tira, devant elles, la peau qui était renfermée dans un coffre.

Les deux sœurs tout d’abord tournent et retournent la peau de droite et de gauche, et, un instant après, l’une d’elles sort et rentre avec une gorgée d’eau qu’elle jette dessus sans en perdre une goutte. Voilà alors la jeune femme qui se répand en larmes, en voyant la méchanceté de ses sœurs ; celles-ci en riaient à gorge déployée. — Tu n’as pas besoin de pleurer pour si peu de chose, dirent--