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LE CONTEUR BRETON

chemin, car plus il est rude, plus vite aussi s’useront mes souliers et mon corps ; d’ailleurs, pourvu que je retrouve mon mari, peu importe ma peine.

Cette jeune femme monta pendant trois jours et quatre nuits ; je ne dis pas sans se reposer, car elle dut se défatiguer (qui ne l’eût fait) appuyée contre les rochers, et son cœur épuisé par la faim et par la soif. Quand elle fut sur la cime de la montagne, elle aperçut de l’autre côté une ville magnifique. — Je n’irai pas au-delà de cette ville, dit-elle, en la regardant de loin. Je ne suis pas capable d’aller plus loin, et pourvu que j’y aille, cela suffira. Là, j’entrerai dans quelque maison pour y servir, et après, quand j’aurai ramassé quelques sous, je me remettrai en route.

Quand Marie se trouva au pied de la montagne de l’autre côté, elle alla se reposer sur le pont d’une rivière qui passait en ce lieu, et là, elle aperçut un groupe de femmes qui lavaient du linge et qui caquetaient plus fort que ne l’eût fait une bande de pies. Marie les considère en silence. Que dirait-elle ? On la raillerait. Elle resta là cependant pendant quelque temps, et bientôt elle aperçut une autre femme, qui venait de la ville et qui, selon l’apparence, était la maîtresse des autres, car en arrivant elle dit aux laveuses : — Prenez garde de perdre une des chemises du prince sur le jabot de laquelle il y a trois gouttes de sang ; je dois la lui porter aujourd’hui, et il faut que je l’emporte avec

moi. Qui de vous a cette chemise ? — C’est moi,

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