disiez tout-à-l’heure que vous n’aviez ni fortune, ni biens à lui donner ; moi j’en ai beaucoup, et si vous voulez l’accorder pour épouse à mon fils, elle sera heureuse, car il l’aime passionnément. Je suis le roi de Bretagne et mon fils le sera après moi.
Le vieux fermier répondit qu’il ne s’opposerait pas à l’union de sa fille avec celui qu’elle aimerait ; qu’à cet égard elle ferait à sa convenance, et que, pourvu qu’elle fût heureuse avec son mari, peu lui importait qu’il fût le fils d’un cultivateur ou le fils d’un roi. — Mais attendez un instant, ajouta-t-il, ma fille ne peut tarder à rentrer.
Le vieux fermier avait à peine achevé ces paroles, lorsque la porte s’ouvrit et le roi put se convaincre de la vérité de ce que lui avait dit son fils. Il resta émerveillé de tant de charmes, car jamais, quoique déjà vieux, il n’avait vu de femme dont la beauté égalât celle de la jeune fille, ou même lui fût comparable.
Sans perdre de temps ni chercher de détours, le roi lui dit : — Ma fille, vous plairait-il d’avoir pour époux, mon fils, ce jeune homme que vous avez accompagné, il y a peu de jours, pour le remettre sur son chemin ?
La belle jeune fille, sachant que c’était le roi lui-même qui lui tenait ce langage, la jeune fille devint rouge comme un charbon ardent et ne put rien répondre ; elle était fort embarrassée de son maintien. Son père alors lui demanda si elle se sentait capable d’affection pour le fils du roi.
— Oui, répondit-elle, s’il est sage et instruit, comme je le pense.