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LE CONTEUR BRETON


L’histoire bretonne qui suit a un cachet tel que nous avons dû la traduire souvent mot-à-mot. Elle renferme d’admirables locutions, parfois intraduisibles en français.




CHRISTOPHE

Près de Douarnenez demeurait autrefois une vieille veuve ; il y a de cela je ne sais combien de centaines d’années. Celle-ci, cette veuve, n’avait qu’un fils qu’on nommait Christophe. Sa mère cherchait à le guérir de sa paresse, car Christophe, profitant de ce qu’on le disait idiot depuis sa plus tendre enfance, n’avait jamais rien fait de son corps, si ce n’est ramasser de temps à autre des petits morceaux de bois de chauffage pour sa mère. Il avait ainsi atteint ses seize ans ou à peu près, sans avoir rompu son corps au travail. La première chose qu’il faisait après son lever, c’était de courir sur le rivage, avec son bâton à tête crochue qui lui serrait à jeter de petites pierres dans la mer.