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LE CONTEUR BRETON

mer comme un navire, nager et venir vers lui à sec. — Ce qu’a dit le poisson est vrai ; celui-là n’est pas menteur comme les hommes ; maintenant ma mère aura du bois pour faire des crêpes. Christophe faisait le tour de l’arbre, le regardait et était stupéfait en voyant combien il était gros. Les feuilles de ses branches étaient remplacées par des coquilles d’huîtres, de moules, de brennics, de pétoncles ; il en était de même de ses racines. — Peu importe, dit-il ; il ne suffit pas qu’il soit sorti de la mer, il faut aussi qu’il vienne à la maison de ma mère. — Transporte-le, mon petit poisson, dit Christophe, et moi dessus, à califourchon, comme sur le dos d’un cheval. Qu’il marche donc sous moi, à travers les rues de la ville d’Is, et que tout le monde vienne me voir passer, le roi Gradlon aussi, comme les autres.

Aussitôt Christophe se trouva sur le chêne, lequel se mit en mouvement sous lui, il ne savait comment. Il va dans les rues de la ville d’Is qui sont pleines jusques au faîte des maisons ; tous sont stupéfaits en voyant pareille chose. — Tiens, tiens, disaient-ils, Christophe sur un gros chêne qui marche sous lui comme ferait un cheval en vie ; il n’y eut jamais chose aussi surprenante ! Christophe, Christophe, disaient tous les assistants, arrète-toi un instant ! — Mais Christophe, sur son chêne, allait toujours, riant de les entendre.

Quand il fut arrivé devant le palais du roi Gradlon, celui-ci entendant le bruit que l’on faisait, alla aussi pour voir, ayant près de lui sa fille Ahez. — Voyez, mon père, dit-elle, c’est Christophe qui