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LE CONTEUR BRETON


Aussitôt qu’il y fut, le fil se cassa et la couronne tomba encore sur la tête de Christophe. — Pour maintenant, dit tout le monde, il ne sert de rien de dire encore que Christophe n’est pas le père du petit garçon, car il l’est. Si bien que Christophe fut saisi aussitôt et conduit au palais du roi auprès de la princesse. Gradlon alors dit à Ahez : — On a trouvé le père de ton fils. — Celui-là, cet idiot, dit la princesse, n’est pas le père de mon fils. Je le connais, il est vrai ; mais jamais je ne l’ai fréquenté, ni aucun autre homme.

— Peu importe ce que tu diras, dit le roi ; ma couronne est tombée deux fois sur sa tête, et il te faudra l’épouser. — J’aimerais mieux mourir, dit Ahez. — Que tu meures ou non, tu l’épouseras, et sans tarder encore !

On fit la noce, et Christophe fut marié à Ahez. Peu de temps après cela, voyant ce qu’était son beau·fils, et pour ne plus l’avoir devant les yeux, non plus que le péché de sa fille, Gradlon fit construire un coffre en bois ; et quand il fut construit, il mit dedans Ahez, son petit garçon et Christophe, puis les jeta tous les trois à la mer, pour être engloutis ou pour devenir ce qu’il plairait au Seigneur Dieu. Ahez ne faisait que pleurer, en disant qu’il faudrait y mourir.

Christophe qui, jusqu’alors, avait oublié son petit poisson, dit à la princesse : — Rassurez·vous ; vous ne mourrez pas, ni moi non plus ; puis il ajouta : — Mon petit poisson, que ce coffre où nous sommes, soit (mis) à sec dans une île, qui surgira de l’eau près d’ici. — Ils se trouvèrent aussitôt dans