tuer mes gens, comme tu le fais ? — Tuer vos gens, dit Christophe ; je ne leur ai fait aucun mal. Les voici là qui sommeillent, et s’ils avaient voulu rester tranquilles et en paix, il ne leur serait rien arrivé de fâcheux. Ecoutez bien, sire, il ne sert à rien à qui que ce soit, ni à vous, ni à d’autres, de nous chercher querelle ici ; je suis le maître et ne céderai à personne. Cependant, si cela vous est agréable, je vais aller chercher votre fille pour que vous puissiez faire avec elle une promenade dans les jardins et les bois des environs, en attendant l’heure du dîner, car je vous invite à dîner chez moi. — Avez-vous suffisamment à nous donner, dit Gradlon ? — Ce qu’il y aura suffira, et probablement il en restera après vous, Dieu merci. — Alors c’est bien, dit Gradlon, je dînerai ici, moi et mes gens.
Alors Christophe entre chez lui et fait (préparer) un dîner comme on n’en voit pas souvent, même dans le palais des rois. On ne voyait sur la table d’or et argent et, pour servir, il arriva une bande de jeunes filles vêtues en blanc de la tête aux pieds. Gradlon après avoir fait sa promenade dans les bois, vient au manoir et se met à table, lui et ses gens ; ils sont tout stupéfaits en voyant tant de belles choses. Gradlon demande à sa fille comment Christophe peut posséder tant de richesses. — Je ne pourrais vous le dire, mon père, dit-elle, car je ne le sais pas moi-même ; je crois que Christophe obtient tout ce qu’il demande. Voilà des nappes de