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LE CONTEUR BRETON

fendit de sortir et, pour faire court, elle la relégua dans une vieille masure au fond d’un des jardins du palais. Là, on lui enleva papier et encre, afin de l’empêcher d’écrire à son époux. Au bout d’un certain temps, elle y accoucha à terme.

C’était l’événement qu’attendait la reine-mère ; elle avait placé un de ses affidés auprès de sa belle-fille. Celle-ci mit au monde trois garçons, beaux comme elle et se ressemblant tellement tous les trois qu’il n’était pas possible de les reconnaître l’un de l’autre, si ce n’est par les marques qu’ils portaient sur l’épaule droite. L’un était marqué d’un arc, un autre d’un fer de lance et le troisième d’une épée. Leur mère, après ses couches, ne put les voir, et on lui donna à croire qu’elle avait enfanté trois petits chiens. Calounec en fut informé et, dans la lettre où on lui donnait cette nouvelle, on lui demanda ce qu’il fallait faire de ces trois petits chiens.

Calounec répondit qu’il fallait les garder au palais avec leur mère et ne les laisser manquer de rien jusqu’à son retour. Le fils du roi se méfiait de sa mère, parce que le roi était mort et qu’elle faisait actuellement ce qu’elle voulait.

La guerre était sur le point de finir et Calounec avait hâte de revoir son épouse, lorsque la nouvelle lui arriva qu’elle était morte. Alors le prince (il n’avait pas encore été sacré roi à la place de son père), en proie à la plus vive douleur, poussa si vigoureusement les Anglais qu’il les contraignit à demander la paix. Bien qu’il eût vainement cherché la mort dans les combats, depuis qu’il avait