Cette femme, vrai cœur de mère, assura à son mari qu’elle ferait ainsi qu’il le désirait, et, sans plus tarder, elle les lava et les habilla le mieux qu’elle put.
Gràce aux soins de leur père et de leur mère nourriciers, les trois frères grandirent à vue d’œil à l’ombre du moulin, comme trois jolis plants de saule sur les bords d’un ruisseau ; et, comme on le fait à leur âge, ils se plaisaient à jouer avec les autres enfants qui les appelaient Goarec (Arc), Goaff (Lance) et Clézé (Epée). Ces noms étaient en parfait rapport avec les signes que chacun d’eux portait à l’épaule droite et aussi avec les armes qui avaient été trouvées près d’eux dans le berceau.
Un jour, pendant qu’ils jouaient à la toupie, il s’éleva une querelle entre Goarec et le fils ainé du mennier. Celui-ci, dans sa colère, se prit à dire : — Tu n’es pas mon frère, non plus que Goaff, ni Clézé ; mon père et ma mère ne vous sont rien et n’ont fait que vous élever.
Là-dessus les trois frères allèrent trouver la meunière et lui racontèrent ce qu’ils venaient d’apprendre. Celle-ci, pour les tranquilliser, leur dit que tout cela était faux et qu’elle était bien leur mère, comme le meunier était leur père. Mais elle eut beau faire, elle ne put jamais parvenir, depuis lors, à leur persuader qu’ils étaient nés au moulin avec les autres enfants ; ils trouvaient d’ailleurs qu’ils n’avaient avec eux aucune ressemblance. A partir de ce jour, Goarec, Goaff et Clézé cessèrent de fréquenter les autres enfants et