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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/87

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LE CONTEUR BRETON

puisque tu veux faire à ta tête, je te laisse aller ; tant pis pour toi !

Notre garçon arrive à l’endroit ou l’objet était tombé, et quand il voit que c’était une perruque, il la prend en riant et en disant : — Celle-ci me servira un jour ou l’autre, ne serait-ce que pour me déguiser aux jours gras. — Laisse cette perruque, dit le cheval, crois-moi et tu feras bien. — Jamais ; je l’emporterai avec moi, dit le jeune homme. — Celui-ci ayant tourné et retourné la perruque, vit, écrit en lettres d’or, que c’était la perruque du roi Fortunatus. Il la mit dans sa poche et se remit de là en route, si bien qu’il se trouva bientôt dans un pays lointain.

Il passait dans une vaste forêt, et là, son cheval lui adressa ces paroles : — Dis-moi, jeune homme, il me plairait bien de rester ici, si tu voulais me construire une cabane avec des branches d’arbre. Quand elle sera faite, tu m’y laisseras et tu partiras seul. Près d’ici il y a une grande ville, un roi y habite, et si tu veux aller à son palais pour demander à le servir, tu trouveras, je crois, le moyen d’avoir de l’ouvrage. Fais ce qu’on te dira, n’importe quoi, et alors tu viendras ici me voir de temps à autre ; je te donnerai de bons conseils.

Celui-ci fit tout ce que lui avait dit le cheval, et quand il fut arrivé au palais du roi, il demanda à l’intendant s’il n’avait pas d’ouvrage à lui donner. — Je ne puis vous prendre que comme garçon d’écurie ; je n’ai pas autre chose à vous offrir. — Cela me suffit, dit le jeune homme, peu m’importe ce qu’il y a à faire.