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LE CONTEUR BRETON

roi, vous devez être le fils de quelque grand prince ! — Vous croyez ? dit Jean. Par conséquent, vous croyez qu’il n’y a que les rois et leurs enfants qui puissent être beaux ? Changez de pensée, monsieur ; les autres peuvent être aussi beaux qu’eux, je crois, quelle que soit leur race ; il y a plus, je crois qu’il y a des garçons d’écurie qui valent les rois sous ce rapport, s’ils ne valent même pas mieux. — Des garçons d’écurie, dit le roi, ne sont pas bien vêtus comme vous l’êtes et n’ont pas de perruque comme celle que vous portez.

— Et cependant, dit Jean, je suis garçon d’écurie, et il faut que vous soyez aveuglé, puisque vous ne m’avez pas reconnu. — Quoi, dit le roi, tu es Jean, mon garçon d’écurie ! — Oui, assurément, sire, et maintenant adieu. — Attends, attends, dit le roi en saisissant la perruque, en voici une dont je voudrais voir le propriétaire, car il a, m’a-t-on dit, une fille, la plus belle qui soit sur la terre. Comment, dit le roi, t’es-tu procuré la perruque du roi Fortunatus ? — Ma foi, dit Jean, je l’ai trouvée dans un champ ; deux corbeaux gris l’ont lâchée en se la disputant à grand bruit.

Les autres garçons d’écurie ayant appris ce qui était arrivé au sujet de la perruque, allèrent dire au roi que Jean connaissait le roi Fortunatus, et qu’il avait dit plusieurs fois que s’il avait voulu, il aurait obtenu de lui sa fille en mariage. Ceux-ci tenaient ce langage afin de trouver le

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