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PAROISSE DE CHARLESBOURG

s’amuser aux dépens des choses ineffables qu’il débitait sur la magie et la sorcellerie auxquelles il croyait plus qu’aux articles du Credo. Sur les dernières années de sa vie, ce bonhomme Tintin, auquel les infirmités de ses jambes ne permettaient d’aller qu’en sautant, au moyen de deux petites cannes, ne parlait que de sautereaux qu’il croyait voir agir partout. Ces sautereaux, selon lui, étaient des espèces de diablotins que les bons vivants, qui prenaient plaisir à ses folies, lui conseillaient de persécuter et de conjurer par des moyens plus ou moins ridicules et amusants pour eux-mêmes. Ainsi, ils l’avaient engagé à percer ces sautereaux avec une vieille baïonnette qu’il appelait sa franche carabine, et on le voyait souvent occupé à les persécuter ainsi en prononçant, avec une force qui allait crescendo, ces mots cabalistiques et d’usage en tout : abraki, abraka ête abrac ête abra… D’autres fois ils lui firent croire qu’il fallait les étourdir en frappant sur une vieille chaudière… Un jour quelques-uns de la troupe joyeuse représentèrent avec de la craie, au-dessus de la porte de la boutique de Tintin, un crapaud, qu’il prit pour un sautereau sous cette forme,