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AVANT-PROPOS.

La sensibilité merveilleuse des plaques photographiques a déjà donné des résultats auxquels on ne pouvait guère s’attendre. Physiciens, chimistes, mécaniciens, combinant leurs efforts, ont réussi à faire revivre le passé, pourrait-on dire à simuler la vie ; il suffit, en effet, aujourd’hui de placer une petite boîte devant une scène mouvementée, une charge de cavalerie par exemple, pour que celle-ci soit emmagasinée, conservée jusqu’au moment où le même appareil viendra peindre sur une toile tout ce qu’il a vu : les chevaux galoperont sur la toile comme ils ont galopé sur le champ de manœuvre, la poussière s’élèvera peu à peu, et l’escadron s’arrêtera brusquement au commandement de l’officier. Enfin, le bruit même de cet ouragan de chevaux, le cliquetis des sabres, sera reproduit : alors l’illusion sera complète. Dans vingt ans, dans cent ans, pareille scène pourra être reconstituée à nouveau, et il suffira d’avoir conservé dans un petit étui de quelques centimètres une pellicule de celluloïd et de gélatinobromure d’argent. Mais cette merveilleuse invention n’a pas seulement pour but les exhibitions pittoresques du cinématographe ; entre les mains des hommes de science, elle a déjà donné des résultats de la plus haute importance, et notre éminent physiologiste, M. Marey, est parvenu à instituer de la sorte une méthode d’observation du plus haut intérêt. La marche des animaux, analysée par l’appareil chro-