Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/366

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montré dans celle-ci que le prix moyen restant encore le même pour les consommateurs, par le seul effet de l’égalisation des prix et de la liberté, les consommateurs gagneront d’être salariés dans une proportion plus avantageuse pour eux, puisque leur salaire actuel est déterminé par sa proportion avec un prix plus bas que le prix moyen, et qu’il sera alors proportionné au prix moyen, c’est-à-dire à leur véritable dépense. Il me semble que le rapprochement de ces deux vérités doit inspirer une grande sécurité sur les effets de la liberté.

J’ajoute que l’avantage des consommateurs serait encore très-grand quand même le prix moyen de la consommation hausserait, et que le bien-être que procurerait aux salariés le rétablissement de la proportion de leur salaire avec leur dépense sera toujours également réel, quand même le prix moyen hausserait, pourvu qu’il fût toujours constant et à peu près invariable.

J’ajoute encore que l’observation qui vient d’être développée résout pleinement une objection que l’on entend souvent répéter par les adversaires de la liberté du commerce des grains. Il est prouvé, disent-ils, par l’expérience, que le prix des salaires n’augmente pas avec celui des grains, et comme ils supposent toujours que la liberté augmente le prix des grains, ils en concluent que la liberté est funeste aux consommateurs.

J’ai, je crois, fait voir au contraire que de cela même que la cherté momentanée n’augmentait pas le prix des salaires et même l’abaissait au-dessous de sa proportion naturelle, il fallait conclure que le mal est dans la cherté momentanée, et pour y remédier établir un prix le plus constant et le plus égal qu’il soit possible, c’est-à-dire donner au commerce la plus grande liberté.

Après tout ce que je viens de dire, c’est presque une question oiseuse d’examiner si le prix moyen des grains haussera ou baissera par l’effet de la liberté. L’exemple de l’Angleterre et les détails auxquels je me suis livré dans ma cinquième lettre, datée de Saint-Angel, font voir que l’effet naturel de la liberté doit être de baisser le prix moyen toutes les fois que ce prix moyen est plus haut que le prix du marché général, c’est-à-dire que le prix ordinaire des ports en Hollande. Mais j’ajouterai que ce prix moyen baissera quand même avant la liberté il aurait été égal au prix du marché général, parce que l’augmentation de la culture en France, ce qu’elle