Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/468

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et mettre leurs effets à découvert[1] ? L’adoption de pareils citoyens serait-elle donc désavantageuse au royaume ? Toutes les voix de la nation ne devraient-elles pas au contraire se réunir pour les inviter à venir partager avec nous le bonheur de vivre sous un gouvernement libre ?

V. Les ouvriers, les commerçants, les artistes étrangers sont-ils familiarisés avec la nature de notre constitution ? Savent-ils approfondir et débattre des questions de politique comme nous autres Anglais ? Et quand ils entendent dire que le bill de naturalisation a été rejeté par les représentants de la nation, peuvent-ils en conclure autre chose, sinon que nous refusons aux étrangers l’entrée de notre pays, ou qu’au moins les lois du royaume ne leur accordent pas la même protection qu’aux naturels ? Ne devons-nous pas cherchera les détromper sur un point aussi important ?

Section XIII. — Des taxes de toute espèce, et particulièrement de la taxe pour les pauvres.

I. Qui paye toutes les taxes, si ce n’est le travail des peuples et les denrées qu’ils consomment ? Dans quels pays par conséquent les taxes produisent-elles davantage ? dans ceux qui ont le moins, ou le plus d’habitants ?

II. S’il est nécessaire de lever tous les ans une certaine somme pour les besoins du gouvernement et pour payer l’intérêt des dettes publiques, et s’il se trouve quelques non-valeurs dans les différentes branches des douanes et des excises, comment suppléera-t-on à ces non-valeurs, si ce n’est en augmentant la taxe sur les terres ? Tous les possesseurs de terres ne sont-ils pas par conséquent aussi intéressés que les autres à favoriser de tout leur pouvoir l’augmentation du nombre des habitants ?

III. Les Français réfugiés ne sont-ils pas chargés d’entretenir leurs pauvres, et ne sont-ils pas même imposés dans quelques lieux pour le soulagement des pauvres Anglais ? Si ce fait est vrai, sous quel prétexte s’écrie-t-on que le bill proposé augmenterait la taxe des pauvres ?

IV. Le commerce ou les terres en souffriraient-elles, s’il venait dans le royaume assez d’étrangers pour contribuer de vingt ou trente

  1. Allusion à la France, où la propriété des protestants, presque tous gens de commerce, manquait de garantie. (E. D.)