Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/712

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tions locales, ces pluies ont entièrement anéanti les espérances qu’on s’était formées des récoltes d’automne. Les regains ont été entièrement perdus. Cette perte, qui peut être évaluée à un tiers de la totalité des fourrages de la province, est immense, surtout dans la partie du Limousin où l’engrais des bestiaux et le produit de leur vente est presque l’unique voie qui fasse rentrer l’argent que les impositions font sortir.

Il a été impossible de serrer la plus grande partie des blés noirs, qui pourrissent dans les champs, et dont la quantité a d’ailleurs été fort diminuée par les vents et les pluies. Les mêmes causes ont fait évanouir l’espérance qu’on avait conçue de la récolte des châtaignes. Ces deux récoltes forment le fond de la subsistance des habitants de la campagne en Limousin ; lorsqu’elles manquent, la récolte en seigle est presque absorbée pour la nourriture des cultivateurs, et à peine en reste-t-il pour porter au marché et pour former un revenu aux propriétaires.

Enfin, les vignes, qui font la richesse de l’Angoumois et du bas Limousin, et qui promettaient une récolte avantageuse pour la quantité ; et pour la qualité, n’ont pas moins souffert des pluies que les récoltes dont nous venons de parler. Les raisins n’ont pu mûrir, et une très-grande partie a pourri par l’excès de l’humidité.

Pour comble de maux, les terres sont tellement détrempées qu’il est impossible de semer ; et, si les pluies continuent encore, on doit prévoir pour l’année prochaine tous les malheurs de la disette.

Tel est exactement l’état des choses ; et, si les motifs que nous avions développés dans notre Avis auquel nous nous referons, et que nous prions M. le contrôleur-général de vouloir bien se faire représenter avec ce supplément, si ces motifs nous paraissent devoir déterminer Sa Majesté à procurer à la généralité de Limoges un soulagement effectif par une diminution plus forte que celle de l’année dernière, les nouveaux malheurs que nous ne prévoyions pas alors nous autorisent à plus forte raison à la supplier de donner encore plus d’étendue à ses bienfaits, et d’accorder à la province une diminution au moins de 300,000 liv.

Pour nous conformer à la lettre qui nous a été écrite par M. le contrôleur-général, le 17 août dernier, nous joignons à cet Avis l’état des diminutions qu’ont paru exiger les grêles, incendies et autres accidents particuliers, qui ont été constatés lors du département.