Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/790

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dans chacune les maisons fussent comptées en commençant par le no 1.

Les dénombrements de toutes les îles réunies formeraient le dénombrement total de la ville, dans lequel, pour éviter la confusion, l’on désignerait chaque île par une lettre de l’alphabet, ou mieux encore par le nom du principal édifice. Ce dénombrement général comprenant tous les habitants sans exception, il suffirait d’en faire le relevé nom par nom pour former le canevas du rôle, dans lequel je pense qu’il faudrait, comme dans les rôles de la campagne, laisser subsister les noms des privilégiés pour mémoire seulement, et sans les assujettir à l’imposition.

Ce premier travail ne présenterait encore qu’une simple énumération des contribuables, sans aucune indication de leurs facultés, auxquelles cependant doit être proportionnée l’imposition. Il faudrait donc que les mêmes commissaires, qu’on aurait l’attention de choisir parmi les plus honnêtes gens et les plus intelligents de chaque canton, recueillissent tous les renseignements qu’ils pourraient se procurer sur la fortune de chacun des contribuables compris au dénombrement, sur leur industrie et leur commerce, sur les accidents ou dérangements qu’ils auraient pu essuyer, sur les charges de toute espèce qu’ils supporteraient.

Ces renseignements seraient inscrits sur un registre particulier d’observations, maison par maison, et, dans chaque maison, article par article, en suivant tous les noms des contribuables dans le même ordre dans lequel ils sont écrits au registre du dénombrement.

Le registre d’observations pourrait être écrit sur du papier plié en trois, dont deux colonnes resteraient en blanc, afin de laisser un très-grand espace pour placer les nouvelles connaissances qu’un examen plus approfondi pourra procurer, et les changements que les années subséquentes amèneront dans la fortune des mêmes personnes. Il serait aussi nécessaire de laisser pour chaque maison un espace blanc considérable dans la colonne même destinée à être remplie, pour y placer dans la suite les nouveaux articles occasionnés par les changements de locataires.

Avec ces précautions, le même registre pourra durer plusieurs années, ainsi que celui du dénombrement auquel il correspondra pour l’ordre ; et, d’après ces deux registres, rien ne sera plus aisé que de former un projet de répartition dans lequel l’équité sera