Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/85

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nés intérieures. Quant aux abus administratifs, à ceux de la législation civile et criminelle, liés à une foule d’intérêts particuliers qui se coalisaient pour leur défense, le gouvernement les aurait fait disparaître à mesure que la liberté d’écrire, et surtout une éducation plus sociale, eussent formé la raison publique. Du reste, cet homme d’État, qu’on a peint comme un novateur fougueux, parce qu’il ne poussait pas la prudence jusqu’à l’inaction, ne voulait établir d’abord, et dans les pays d’élection seulement, que les assemblées des deux premiers degrés, c’est-à-dire celles de communes et d’arrondissements. Il n’eût passé qu’après cette expérience à la constitution des municipalités de province, et de la municipalité générale, simple Conseil qui aurait tiré de l’opinion assez de force pour empêcher la royauté de faire le mal, et point assez pour l’empêcher de réaliser le bien. Il entrait aussi dans le plan de Turgot de réduire les Parlements aux seules fonctions de judicature.

Convaincu, en outre, que l’autorité se jetterait inutilement dans la voie des réformes tant que, faute de lumières, le grand nombre ne pourrait lui prêter sous ce rapport un appui intelligent, l’institution qui paraissait la plus urgente à Turgot, était celle d’un Conseil de l’instruction nationale, sous la direction duquel il aurait placé les Académies, les Universités, les collèges et les petites écoles. « Le système d’éducation en vigueur », dit-il encore à Louis XVI, dans le Mémoire cité plus haut, « ne tend qu’à former des savants, des gens d’esprit et de goût : ceux qui ne sauraient parvenir à ce terme restent abandonnés et ne sont rien Une autre méthode formerait, dans toutes les classes de la société, des hommes vertueux et utiles, des cœurs purs, des citoyens zélés. Ceux d’entre eux, ensuite, qui pourraient et voudraient se livrer spécialement aux sciences et aux lettres, détournés des choses frivoles par


    de détail, qu’on ne peut certainement pas réputer une application de sa doctrine sur l’économie de l’impôt. Aussi Buchanan, qui réprouve cette doctrine, se borne-t-il à reprocher à Turgot, non de l’avoir appliquée, mais d’en avoir conçu le dessein. (Richesse des nations, II, page 507, en note.)