— Voila certes la déclaration la plus extraordinaire qu’on m’aie jamais faite !
— Pourquoi donc ? Pourquoi pensez-vous ainsi ?
— Comment pourrais-je penser autrement ? Voyons. Regardez par là. Ce portrait sur le mur, qui est-ce ? N’est-ce pas l’un de vos frères ?
— Ah ! oui, oui, oui ! Vous m’y faites penser maintenant. C’était un mien frère. William, Bill, comme nous l’appelions. Pauvre vieux Bill !
— Quoi ! il est donc mort ?
— Certainement. Du moins, je le suppose. On n’a jamais pu savoir. Il y a un grand mystère là-dessous.
— C’est triste, bien triste. Il a disparu, n’est-ce pas ?
— Oui, d’une certaine façon, généralement parlant. Nous l’avons enterré.
— Enterré ! Vous l’avez enterré, sans savoir s’il était mort ou vivant !
— Qui diable vous parle de cela ? Il était parfaitement mort.
— Ma foi ! j’avoue ne plus rien comprendre. Si vous l’avez enterré, et si vous saviez qu’il était mort…
— Non, non, nous pensions seulement qu’il l’était.
— Ah ! je vois. Il est revenu à la vie.
— Je vous parie bien que non.
— Eh bien ! je n’entendis jamais raconter chose pareille. Quelqu’un est mort. On l’a enterré. Où est le mystère là-dedans ?
— Mais là justement ! C’est ce qui est étrange. Il faut vous dire que nous étions jumeaux, le défunt et moi. Et un jour, on nous a mêlés dans le bain, alors que nous n’avions que deux semaines,