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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/108

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frère Arthur, et sir Richard ne voulait point entendre parler de la rupture de cette promesse.

« Arthur aimait une autre jeune fille ; il nous conseilla d’attendre et d’espérer, convaincu que les événements réaliseraient tôt ou tard nos vœux. Hughes convoitait la fortune de Lady Édith, quoiqu’il affirmât qu’il était épris d’elle ; mais il avait pour coutume de dire une chose et d’en penser une autre. Son empressement auprès de ma cousine resta sans résultat. Il pouvait tromper mon père, il ne nous en imposait pas à nous. Mon père le préférait à ses deux autres fils, avait confiance en lui et croyait tout ce qu’il disait. Il était le plus jeune et ses frères ne pouvaient le souffrir ; cela suffisait, comme il arrive souvent, pour lui gagner l’attachement de notre père. Il avait, du reste, la langue mielleuse et s’entendait à merveille à mentir. J’étais vif et querelleur, quoique ma vivacité et mon emportement n’eussent de conséquences fâcheuses que pour moi-même, car je n’ai jamais rien dit ni rien fait dont j’eusse à rougir, ni commis aucun acte mauvais, aucune vilenie, qui pût souiller notre nom.

« Hughes mit mes défauts à profit, et comme Arthur avait une santé délicate, notre plus jeune frère attendait avec impatience que la mort de son aîné lui laissât le champ libre ; or, pour cela, il devait se débarrasser de moi, me faire chasser de la maison paternelle… Mais je ne veux point, sire, entrer dans les détails de cette histoire, qui est peu digne de l’attention de Votre Majesté… Bref, mon jeune frère manœuvra si bien qu’il grossit sournoisement mes fautes auprès de mon père et leur donna la proportion de crimes ; il poussa la méchanceté jusqu’à montrer une échelle de soie qu’il prétendait