Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/135

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dépassent mes plus audacieux rêves de fortune. Je vais être heureux toute ma vie, et je rendrai heureuse après moi la maison de Marlow.

Tom était assez perspicace pour comprendre que cet enfant pouvait lui être d’un grand service. Il encouragea Humphrey à parler, et celui-ci fut loin de s’en plaindre. L’enfant du fouet se trouvait heureux de pouvoir aider le jeune roi à « recouvrer la santé ». Chose inespérée ! Chaque fois qu’il avait achevé une série d’explications, qui avaient pour objet de faire renaître les souvenirs de son auditeur en lui rappelant les détails de la leçon et d’autres faits qui s’étaient passés dans le palais, il constatait que le Roi « se rappelait » admirablement toutes ces circonstances.

Au bout d’une heure, Tom se vit pourvu de renseignements du plus haut prix sur les personnages et les affaires de la Cour. Aussi se promit-il de puiser tous les jours à cette précieuse source et de donner l’ordre de faire entrer Humphrey dans la chambre royale, toutes les fois que Sa Majesté serait seule.

Humphrey venait à peine de sortir lorsqu’on annonça lord Hertford.

L’oncle du roi dit :

— Les membres du Conseil craignent que quelque rumeur malveillante relativement à la santé précaire de la personne royale ne se soit répandue au dehors : il leur a donc paru sage et préférable que Sa Majesté commençât bientôt à dîner en public, suivant les us et coutumes de la Cour. Le calme de votre physionomie, sire, l’assurance et la grâce de votre maintien, que l’on ne manquera point d’observer et de commenter, auront incontestablement pour