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CHAPITRE XVI.

LE GRAND DÎNER.


L’heure du grand dîner approchait. Chose étrange, cette pensée, loin de déconforter Tom, semblait ne plus lui inspirer aucune appréhension. L’expérience qu’il avait faite le matin lui avait donné toute confiance en lui-même. Il s’était fait à sa prison et à ses gardiens, et en moins de quatre jours, il était déjà plus acclimaté que ne l’eût été un homme mûr au bout de plusieurs mois. Jamais enfant ne s’accommoda plus aisément des circonstances.

La salle où allait avoir lieu le banquet royal était une vaste pièce, dont les pilastres et les piliers dorés formaient plusieurs entre-colonnements. Les murs et les plafonds étaient peints. À la porte se tenaient des gardes de haute taille, raides comme des statues ; ils étaient vêtus de costumes somptueux et pittoresques et portaient des hallebardes. Une tribune qui faisait le tour de la salle était réservée aux musiciens et aux notables de la Cité, avec leurs dames en grande toilette de gala. Au centre de la pièce, sur une estrade, était la table où devait s’asseoir le Roi.

Écoutons un ancien chroniqueur :

« Alors fit son entrée dans la salle un gentil-