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CHAPITRE XX.

L’ERMITE.


La haie était fort haute. Elle le cacha. L’épouvante lui donnait des ailes. Il fit appel à toutes ses forces.

Une forêt se montrait à l’horizon. Il courut dans cette direction.

Arrivé à la clairière, il tourna la tête. Deux ombres sinistres se mouvaient derrière lui. Il comprit ce que cela voulait dire, et ne s’attardant point à s’en rendre un compte plus exact, il poursuivit sa course, hors d’haleine, jusqu’à ce qu’il se trouvât dans la profondeur de la forêt.

Alors il s’arrêta, persuadé qu’il était en lieu sûr.

Il écouta attentivement : la forêt était ensevelie dans le silence.

Un sentiment de tristesse s’empara de lui.

Quelques moments après, il crut entendre, à une distance très éloignée, des bruits mystérieux, qui ressemblaient à la voix lamentable des âmes errantes. Ces bruits étaient plus sinistres que le silence.

Il voulut d’abord se coucher et demeurer là le reste de la journée ; mais, comme il était en transpiration, la fraîcheur de l’air le saisit, et il fut obligé de marcher pour maintenir la circulation du sang.

Il coupa la forêt en long, espérant bien rencontrer quelque route battue ; il se trouva désappointé.