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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/220

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CHAPITRE XXII.

LA TRAHISON.


Fou-Fou Ier était retombé au pouvoir des vagabonds, des voleurs et des assassins, en butte à leurs sarcasmes, à leurs grossières insultes, et souvent, quand l’Hérissé avait le dos tourné, il était soumis à la brutalité de John Canty et de Hugo. Cependant, à part ces deux ignobles scélérats, il n’y avait personne de la bande qui se montrât réellement fâché contre lui. Beaucoup au contraire l’aimaient ; on le trouvait drôle, amusant, spirituel.

Deux ou trois jours durant, Hugo, qui avait repris ses droits de tuteur sur l’enfant, prit plaisir à l’accabler de vexations. Il n’osait point le maltraiter ouvertement, car il n’avait pas oublié la correction infligée par le chef au prétendu John Hobbs ; mais il ne laissait passer aucune occasion d’irriter le roi pendant la journée, et le soir, quand avaient lieu les ripailles et les orgies accoutumées, il jetait sur lui, comme par mégarde, tout ce qu’il avait sous la main, débris de viande, fonds de bouteilles, tessons ou immondices. Deux fois il lui marcha rudement sur les pieds, en s’excusant ironiquement. Le roi, se renfermant dans sa dignité, eut l’air de ne point remarquer cette offense, à laquelle un roi répond par l’indifférence du dédain.

Mais quand l’enfant vit Hugo recommencer son