Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/234

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Dieu ait son âme. Huit pence ! Vous vous moquez de moi !

— Ah ! c’est comme ça que vous l’entendez ! Vous venez de prêter serment que le cochon vaut huit pence. Vous avez donc fait un faux témoignage. Vous allez me suivre devant le magistrat pour répondre de votre crime. Et comme il y a flagrant délit, vous serez condamnée sur l’heure et pendue demain, et l’enfant aussi.

La femme poussa un cri de terreur.

— Tenez, tenez, dit-elle éperdument, prenez-le, je ne discute plus. Donnez-moi vos huit pence et ne dites plus un mot. Surtout ne parlez pas au magistrat.

Le constable avait passé sous son bras le panier où il avait mis le cochon. La femme s’était enfuie comme si elle eût vu le diable.

Hendon revint à pas de loup dans la salle de justice. Le constable l’y suivit presque aussitôt et déposa prudemment sa précieuse acquisition dans un coin.

Le magistrat écrivait toujours.

Enfin il s’arrêta, fixa ses lunettes sur son nez et lut au roi, d’une voix traînante, la sentence qui le condamnait à être emprisonné dans la prison commune, pour ensuite être fouetté en place publique.

Le roi abasourdi ouvrit la bouche. Il allait donner l’ordre d’arrêter le juge et de lui trancher la tête sans autre explication, mais un geste de Hendon l’arrêta, et il ferma la bouche avant que les paroles ne fussent arrivées à ses lèvres.

Hendon lui prit la main, s’inclina devant le magistrat, et suivit le constable qui les conduisit à la prison.