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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/240

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— Soutenez-moi, soutenez-moi, mon bon messire, mes jambes fléchissent. Pitié ! miséricorde ! grâce ! Épargnez-moi ! Je ferai semblant de ne rien voir. Qu’il s’en aille ! qu’il parte !

— Allons, vous devenez enfin raisonnable. C’est entendu. Nous nous échapperons sans que vous en sachiez rien. Et vous rendrez le cochon ?…

— Oh ! oui, je le rendrai, et oncques de ma vie n’en toucherai, ni n’en mangerai, dût le ciel me l’envoyer tout rôti sur ma table. Allez, au nom du Seigneur ! Je suis aveugle, je suis sourd. Je n’aurai rien vu, rien entendu. Si l’on m’interroge, je dirai que vous avez sans doute forcé la porte de la prison, et que vous avez emmené le prisonnier à mon insu. La porte est vieille, la serrure ne tient pas. Je passerai toute la nuit à l’enfoncer moi-même.

— Et vous ferez bien, et il ne vous sera point fait de mal, car j’ai vu que le juge avait l’âme charitable, qu’il souffrait de devoir condamner ce pauvre petit. Il ne sévira pas contre le geôlier qui l’aura laissé échapper. Allez en paix et rendez le cochon.

    tion, accordée aux clercs ou membres de l’ordre du clergé, d’être jugés au criminel par des juges séculiers. Cette immunité fut ensuite étendue à tous ceux qui savaient lire, et que la loi considérait dès lors comme des clercs. Elle a été abolie en 1827.