Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/274

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autre était apprenti-marchand. Son cas émut vivement le roi. Il était tout jeune. Un soir, il avait trouvé un faucon qui s’était échappé. Il l’avait emporté chez lui, s’imaginant que l’oiseau lui appartenait de droit ; il avait été convaincu de vol et condamné à mort.

La sévérité draconienne de ces sentences mit le roi dans une fureur et une exaltation telles qu’il ordonna à Miles de forcer la porte de la prison et de fuir avec lui pour le ramener immédiatement à Westminster. Il voulait monter sur le trône dès le lendemain matin, proclamer une amnistie générale et sauver tous ces malheureux.

— Pauvre enfant ! soupira Hendon, ces sombres histoires ont de nouveau ébranlé sa raison. Sans cela, sa convalescence aurait marché rapidement.

Il y avait aussi parmi les détenus un ancien magistrat. C’était un homme aux traits énergiques, et qui paraissait inaccessible à la peur. Il avait écrit, trois ans auparavant, un libelle contre le lord chancelier qu’il avait accusé d’iniquité. Il avait été condamné pour ce crime à la dégradation et au pilori. En outre, on lui avait coupé les deux oreilles et on lui avait infligé une amende de trois mille livres sterling[1]. Il devait passer le reste de sa vie en prison. Cette dernière peine avait été motivée par la publication d’un second libelle. Avant de l’envoyer aux galères à perpétuité, on lui avait coupé ce qui restait de ses oreilles, et infligé une amende supplémentaire de cinq mille livres ; on lui avait, en dernier lieu, imprimé des stigmates d’infamie sur les deux joues avec un fer rouge.

  1. La livre sterling vaut un peu plus de 25 francs.