Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

épais nuage, d’où l’on voyait émerger seulement le plus haut de ses sommets, la Tour Blanche, pavoisé de drapeaux.

Tom Canty, splendidement vêtu, montait un coursier superbe et fringant, dont les riches ornements pendaient jusqu’à terre. Le Lord Protecteur Somerset, également à cheval, s’avançait derrière lui ; la garde royale, le morion en tête, la cuirasse d’acier poli étincelant au soleil, formait la haie des deux côtés. Derrière le Protecteur marchaient les hauts barons du royaume avec leurs vassaux ; puis le lord maire et le corps municipal des aldermen en robe de velours cramoisi, avec la grande chaîne d’or en sautoir ; puis les officiers et les membres de toutes les corporations de Londres en grand apparat, chaque corporation précédée de sa bannière. Il y avait aussi l’ancienne et honorable Compagnie des artilleurs de la Cité, qui comptait déjà à cette époque, trois cents ans d’existence, et qui avait, seule parmi les corps militaires d’Angleterre, le privilège de ne pas dépendre du Parlement[1].

Le spectacle était magnifique. C’était un éblouissement de richesses, de pierreries, d’élégants costumes qu’à peine on eût pu rêver. Une foule compacte, ivre d’enthousiasme, obstruait le chemin, où l’on ne pouvait se frayer un passage qu’avec une extrême difficulté.

« Le Roy, dit un chroniqueur, fut reçu, en entrant dans la Cité, par le peuple, qui l’accueillit avec force prières, salutations, cris et tendres paroles et tous signes qui attestent un sérieux amour des sujets pour leur souverain ; et le Roy en souriant

  1. Ce privilège subsiste encore aujourd’hui.