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CHAPITRE IV.

PREMIERS TOURMENTS DU PRINCE.


Au bout d’une heure de poursuite obstinée, la populace finit par lâcher le petit prince et l’abandonna à lui-même. Tant qu’il avait pu exhaler sa rage et prendre des airs de dignité pour menacer, pour donner des ordres qui faisaient pâmer de rire, il avait été très amusant ; mais, une fois que l’épuisement l’eut réduit au silence, la foule, qui n’avait plus que faire de le tourmenter, avait cherché ailleurs d’autres distractions. Alors il regarda autour de lui, sans pouvoir dire où il se trouvait. Il était dans l’enceinte de la Cité de Londres, c’était tout ce qu’il savait. Il continua son chemin, ne sachant où il allait. Bientôt les maisons devinrent plus clairsemées, les passants plus rares. Il avait les pieds en sang et les baigna dans le ruisseau qui coulait à l’endroit où est maintenant Farringdon Street. Il se reposa quelque temps, puis il reprit sa marche. Il arriva ainsi dans une grande plaine, où il y avait çà et là des maisons et une grande église, qu’il reconnut. Tout autour il vit des échafaudages et des essaims d’ouvriers, car on y faisait d’importantes restaurations. Le prince était tout ranimé ; il se disait que ses peines touchaient à leur fin.