Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/42

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son ; puis il le serra avec effusion sur sa poitrine et lui passa les mains dans les cheveux, en le caressant :

— Reconnais-tu ton père, enfant ? Ah ! ne me brise point le cœur ; me reconnais-tu, dis ?

— Oui, vous êtes le roi, mon seigneur redouté, que Dieu préserve.

— Bien, bien, très bien, rassure-toi, ne tremble pas ainsi ; personne ici ne te veut du mal, tout le monde ici te chérit. Tu vas mieux, ce mauvais rêve est passé, n’est-ce pas ? Tu recouvres tes sens, tu reprends possession de toi-même, n’est-ce pas ? Tu sais bien maintenant qui tu es ? Tu ne te prends plus pour un autre, comme tu le faisais, il y a un instant ?

— Je vous supplie en grâce de me croire, j’ai dit toute la vérité, mon redouté seigneur ; je suis le plus vil, le plus bas de vos sujets ; je ne suis qu’un pauvre, et c’est par malechance et par accident que je me trouve ici, quoiqu’il n’y ait rien de blâmable dans ma conduite. Je suis trop jeune pour mourir, et vous pouvez me sauver d’un mot. Oh ! parlez, sire !

Tom se jeta à genoux avec un cri de désespoir.

— Mourir ! ne prononce pas cette parole, prince chéri ; ton pauvre cœur troublé a besoin de paix, tu ne mourras point !

— Dieu vous fasse merci, ô mon roi, et vous garde de longues années pour le bonheur de votre peuple !

Tom s’était relevé d’un bond, et le visage illuminé de contentement, il se tourna vers les deux dignitaires :

— Vous l’avez entendu, s’exclama-t-il, je ne mourrai pas ? Le Roi l’a dit !