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CHAPITRE XI.

À GUILDHALL.


La barque royale, escortée par sa brillante flottille, descendit majestueusement la Tamise, en traversant la forêt de bateaux illuminés. L’air était chargé de sons harmonieux ; les feux allumés au bord du fleuve le rayaient de leurs fauves reflets. Au loin, la Cité semblait se coucher dans une nuée de gloire. Au-dessus de ses maisons et de ses édifices flottaient de blancs panaches de fumée se dressaient tout à coup, pour disparaître aussitôt, des aigrettes lumineuses qu’on eût prises de loin pour des lances chargées des plus fines pierreries. À mesure que le cortège nautique avançait en replis onduleux, la multitude saluait son passage par des hourrahs ininterrompus ; les pièces d’artifice lançaient leurs bouquets éblouissants, les canons tonnaient de proche en proche.

Pour Tom Canty, enseveli dans ses coussins de soie, ces embrasements, ces accords, ces clameurs présentaient un spectacle inouï, inoubliable, merveilleux. Pour ses deux petites amies, à ses côtés, la princesse Élisabeth et lady Jane Grey, tout cela était insignifiant.

Arrivé à Dowgate, qui était la porte de la Cité, la