Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/91

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éloignées. Il y eut une sonnerie de cors, puis une proclamation ; puis un gros sommelier se montra au haut d’un juchoir encastré dans le mur de gauche, et descendit de cette espèce de chaire, suivi par une armée de serviteurs et d’officiers de cuisine, qui portaient, avec une solennelle gravité, le royal chevalier de l’Aloyau, Sir Loin, fumant et prêt à être dépecé.

Quand le chapelain eut dit le bénédicité, Tom, averti par lord Hertford, se leva, et toute la salle imita son exemple. Il prit une grande coupe d’amour en or massif, qu’il tenait d’une main, tandis que la princesse Élisabeth touchait délicatement l’autre anse, puis il but lentement. Après quoi il passa la coupe à lady Jane, qui la passa à son tour à son voisin. Lorsque la coupe eut circulé dans toute l’assemblée, le banquet commença.

À minuit l’animation était au comble. Alors on vit un de ces spectacles pittoresques qui étaient tant admirés à cette époque ;

L’assistance ayant laissé au milieu d’elle un espace vide, on introduisit cérémonieusement un baron et un comte habillés à la turque, en longues robes d’étoffe orientale brochée d’or, avec de grands chapeaux de velours cramoisi galonnés d’or. Ils portaient à la ceinture deux sabres appelés cimeterres, suspendus à de larges baudriers d’or. À leur suite venaient un autre baron et un autre comte en grandes robes de satin jaune rayées par le milieu d’une bande de satin blanc, laquelle était rayée elle-même d’une bande de satin cramoisi, à la mode de Russie ; ils avaient des chapeaux de feutre gris et des souliers à la poulaine, c’est-à-dire terminés en pointe recourbée d’un demi-pied