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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/94

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trahissaient un de ces chevaliers de fortune, toujours prêts aux coups de main.

L’allocution de ce personnage fantastique fut accueillie par une explosion de cris et de clameurs.

— Ah ! ah ! C’est un prince au moins celui-là, ricanaient les uns.

— Gare à toi, raillaient les autres, il va mordre.

— Vois donc ses yeux. Il y va tout de bon, hein !

— Enlevez le petit ! À l’eau l’ourson !

Une main avait saisi le prince. Mais au même instant Miles Hendon avait tiré sa grande rapière. Un formidable coup de plat de lame étendit l’audacieux sur le sol.

Alors ce fut un concert horrible de vociférations :

— À mort, le chien enragé ! à mort ! à mort !

La populace avait enfermé l’étranger dans un cercle qui se resserrait de minute en minute. Lui, adossé à un mur, brandissait son énorme latte de fer et faisait le moulinet. Quiconque approchait de trop près recevait un horion d’estoc ou de taille qui le mettait hors de combat.

Cependant la marée montait ; la foule, exaspérée, se ruait avec une fureur acharnée sur le champion du petit prince. La lutte était trop inégale pour pouvoir durer longtemps, et la perte du valeureux Hendon et de son protégé semblait inévitable.

Tout à coup, une sonnerie de trompettes paralysa les assaillants. Une voix impérieuse cria : « Place au messager du Roi ! » Une troupe de cavaliers chargea la foule et l’éparpilla. L’étranger, profitant de l’éclaircie, avait pris le prince dans ses bras et l’avait soustrait à ses agresseurs.

Presque au même moment, dans la salle de Guild-