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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

Personne n’était entré ni sorti par l’allée, personne du moins qui ressemblât au faux Espagnol. Mais le fils du tavernier avait des pratiques à servir et la partie de cache-cache fut remise au lendemain.

Le soir du jeudi, les trois enfants étaient réunis et le jeu commença. Tom, toujours audacieux, se rapprocha peu à peu de la mystérieuse chambre. Ses compagnons le cherchaient en vain depuis dix minutes, lorsqu’il reparut dans l’allée ; il semblait troublé.

— Filons, dit-il rapidement à Huck, filons !

Il aurait pu se dispenser de répéter l’avis, car, dès le premier mot, Huck avait pris ses jambes à son cou. Les fuyards ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils eurent atteint le hangar d’un abattoir qui se trouvait au bas de la ville. Au moment où ils pénétraient sous cet abri, un orage éclata et la pluie se mit à tomber à verse.

— Pourquoi nous sommes-nous sauvés ? demanda Huck lorsqu’il eut repris haleine.

— On se sauverait à moins, répliqua Tom. Tu vas voir. Lorsque je me suis approché du numéro deux, il m’a semblé entendre tousser et j’ai eu peur. Malgré ça, voyant la porte tout contre, je l’ai poussée. J’entre doucement. Personne ! Il ne faisait pas très clair ; je m’avance, puis je m’arrête. Il était temps ; un pas de plus, je marchais sur la main de Joe l’Indien.

— Brrr ! Et il t’a vu ?

— Non. Il dormait par terre, tout habillé. Par bonheur, il n’a pas bougé. Il avait trop bu, je crois.

— As-tu vu la boîte, Tom ?

— J’étais trop pressé pour regarder autour de moi. Je n’ai pas vu la boîte, je n’ai pas vu la croix ; je n’ai vu qu’une bouteille et un pot d’étain à côté de Joe l’Indien… Je me trompe, j’ai aussi vu deux barriques et un tas d’autres bouteilles. Devines-tu maintenant pourquoi on n’ouvre pas cette chambre à tout le monde ?