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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

j’aurais dit : « Allons-y ! » Tiens, Huck, il ne faudra tenter la chose que quand nous serons sûrs que Joe n’est pas là. Nous n’avons qu’à le guetter ; nous le verrons sortir un soir ou l’autre et alors nous mettrons le grappin sur la boîte.

— Eh bien, je dormirai le jour et je veillerai la nuit, pourvu que tu te charges du reste.

— Ça va, dit Tom. Si tu découvres quelque chose, tu n’auras qu’à courir à la maison et à miauler sous ma croisée. À présent, l’orage est passé et je vais me dépêcher de rentrer. Où dormiras-tu ?

— Dans la grange de Ben Rogers. Il me l’a permis et le nègre du vieux Rogers veut bien. Je puise souvent de l’eau pour l’oncle Sam, et quand j’ai faim, il me donne à manger. C’est un très bon nègre, Tom ; il m’aime parce que je ne suis pas fier avec lui. Quelquefois même nous dînons ensemble. Mais n’en parle pas. Lorsqu’on a le ventre vide, on fait des choses qu’on ne voudrait pas faire devant tout le monde.

— N’aie pas peur, je n’en dirai rien. Si je n’ai pas besoin de toi dans la journée, je te laisserai dormir, et s’il y a du nouveau la nuit, tu viendras m’avertir en miaulant.