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LES RÉVÉLATIONS DE HUCK.


XXVIII

LES RÉVÉLATIONS DE HUCK.


Le lendemain, dimanche, l’aube blanchissait à peine l’horizon lorsque Huck remonta sans se presser la colline qu’il avait descendue si lestement la veille, et vint frapper à la porte du vieux Gallois. Tout le monde dormait dans la maison, mais d’un sommeil que l’épisode de la nuit rendait léger. Une croisée s’ouvrit.

— Qui va là ?

— Ne criez pas si fort ! répliqua le visiteur à voix basse. Ce n’est que Huckleberry Finn.

— Ah ! c’est toi, Huck ? Voilà un nom qui ouvrira ma porte la nuit comme le jour, mon ami. Tu seras toujours le bienvenu.

Ces paroles, les plus cordiales qu’il eût jamais entendues, résonnèrent étrangement à l’oreille du jeune vagabond ; il ne se rappelait pas que l’on eût jamais prononcé le dernier mot à son adresse.

La porte en effet fut vite ouverte.

— Maintenant, mon bonhomme, dit le vieillard, j’espère que tu as faim, car le déjeuner sera prêt dès que le soleil se montrera. Ah çà, pourquoi as-tu disparu hier ? Nous espérions que tu coucherais ici.

— J’ai eu peur, répliqua Huck, et j’ai filé au premier coup de pistolet. Je n’ai amarré qu’au bout de trois milles. Je suis revenu parce que je tenais à savoir, et je suis revenu avant le jour parce que je ne voulais pas rencontrer ces gredins, même s’ils étaient morts.

— Et tu m’as l’air d’avoir passé une mauvaise nuit, mon pauvre Huck ; mais il y a un lit pour toi quand tu auras déjeuné… Non, ils ne